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Thursday, February 27, 2020

Atelier: "Le millefeuille onomastique : sédimentation et effacement des toponymes dans les centres urbains de la Péninsule arabique"

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dimanche 31 mai 2020 à l'Université Sorbonne Abu Dhabi

L’aube mythique de la poésie arabe au Ve siècle évoque déjà un rapport évanescent au lieu : le topos des pleurs sur les ruines impose au poète d’évoquer le campement de l’aimée, dont les traces, pareilles à un tatouage s’effaçant au dos la main, sont balayées par des vents contraires, révélant ou effaçant la permanence du lieu. Les villes modernes de la Péninsule arabique sont elles aussi tissées par ces vents contraires de la permanence d’une désignation et du recouvrement par de nouvelles couches onomastiques.

Alors que tous les Etats de la région travaillent à la mise en place de leur récit national et la cristallisation de leur identité nationale, ils ne cessent, paradoxalement, de renommer les quartiers, les rues, les places, les corniches, d’arracher une histoire en construction comme un jeune arbre aux racines incertaines, tandis qu’une mémoire populaire, cependant menacée par les couches successives d’arrivants, se transmet des appellations plus anciennes, remontant pour certaines aux premières années de l’expansion.

Si les grandes capitales du Golfe travaillent à être des «villes temporaires» (Elsheshtawy), un temporaire politique permettant de minimiser l’attachement au lieu et empêcher l’enracinement, la permanence du nom et sa transmission n’est-elle pas une des «tactiques» développées pour résister à cette impermanence, pour revendiquer un «droit à la ville» ?

Combien de villes de la région ont-elle une Shāri‘ al-Taḥliya (rue de la désalinisation) alors que l’usine a depuis longtemps déménagé, et que le nom officiel de l’artère a toujours été celui d’un prince ou membre de la famille dirigeante ? Pourquoi l’artère principale de l’Abu Dhabi des années 1970 se nomme-t-elle encore Elektra, sans rapport avec sa désignation officielle ? Par quels circuits les chauffeurs de taxis, issus du sous-continent indien ou d’Afrique, se transmettent-ils ces désignations qu’emploient leurs clients ? Pourquoi les stations de métro de Dubai changent-elles régulièrement de nom, au risque d’égarer les clients ?

Parallèlement, que signifie pour les autorités de planification de ces centres le fait de nommer le lieu ? Comment les lieux préexistants sont-ils renommés, et comment le sont les nouvelles créations urbanistiques ? Quels messages idéologiques, politiques, esthétiques sont-ils à rechercher sous l’acte démiurgique et performatif de nommer l’inexistant et renommer le périmé ?

Cet atelier transdisciplinaire visera à examiner cette question sous les angles de la sociologie, de l’anthropologie, de l’urbanisme et de la planification, de la géographie humaine et de la linguistique.

Les propositions doivent être envoyées avant le 15 mars 2020 à 

Frédéric Lagrange, frederic.lagrange@psuad.ac.ae
Hadrien Dubucs, hadrien.dubucs@psuad.ac.ae
Laure Assaf, lsa6@nyu.edu

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