C’est un ouvrage qui devrait faire référence que Patrice Poujade vient de publier avec le soutien de l’Institut d’Etudes Occitanes.
Patrice Poujade a rappelé que la toponymie était une branche de l’onomastique, que c’était «une science exigeante à la croisée de l’archéologie et de l’histoire». Une science qui pouvait avoir aussi une approche socio-linguistique «en ce qu’elle peut être vue comme un rapport de force, ou la représentation que se fait d’un lieu un groupe humain».
Pour chaque nom de lieu, l’auteur est allé chercher les plus anciennes mentions (attestations) connues en occitan ou en latin. Il en propose toute l’histoire des évolutions et se risque à évoquer une «hypothèse» par laquelle il essaie de trancher au plus près de la vérité. Il s’appuie pour cela sur le travail de ses pairs (Aymard, Adelin Moulis entre autres) et un travail d’enquête. Exemple avec le nom Miglos – le g se prononce que – dont ont connaît près de 80 «attestations» entre le XIe et le XVIe siècle, qui fut aussi Merglos.
Et l’auteur de préciser que les noms de lieux ont principalement deux origines, la période pré-indo européennes et celle indo-européenne (celtique, germanique, latine). La première couche, plutôt rencontrée en montagne, se termine par «os» par «en» comme Vicdessos, Alzen, Nalzen, mais aussi Sentein, Aucazein… Les terminaisons en «at» comme Banat, St Paul-de-Jarrat, Auzat, seraient elles aussi parmi les plus anciennes. On notera aussi une influence basque avec le son «rs» comme Urs ou l’Hers.
Dans la couche la plus récente, ce sont les sons «an», ou «ac», ou encore «ens» qui signifie «appartient à», comme Mérens, Loubens, Coutens qui seraient des mots wisigoths. Les Celtes (gaulois) nous ayant laissé Ludiès (le marais ou l’endroit humide), Vernajoul, Verniolle, le Vernet. La troisième couche, française, est plus rare dans la toponymie locale : la Tour-du-Crieu pourrait en être un exemple. Dans tous les cas, la méthode est la même : partir de la forme la plus ancienne et observer ses évolutions, et surtout pas l’inverse. L’auteur reconnaît que son dictionnaire, n’est qu’un point d’étape, que tout n’y est pas, mais ses 470 pages déroulent un aperçu assez vaste de la toponyme ariégeoise.
Cécile Dupont
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