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I. Problématique
L’usage de la toponymie rencontre en RD Congo d’énormes problèmes depuis la période coloniale et après l’indépendance à cause de manque d’une structure nationale de gestion toponymique. Plusieurs changements s’opèrent en suivant l’impulsion politique ou les événements de tous genres connus par le pays.
D’autres problèmes résident notamment dans la transcription de l’orthographe des noms et dans la diversité des langues nationales. Une normalisation s’impose dans le domaine de la toponymie en RD Congo.
II. CHANGEMENTS ET MUTATIONS HISTORIQUES EN RD CONGO
En RD Congo l’usage des toponymes est fixé par les décideurs en suivant la tendance politique du pays. C’est pourquoi, il est utile de faire une analyse de la problématique de l’usage des toponymes dans ce pays. Les noms de lieux sont attribués d’une manière politique suivant les avis des autorités établies. Dans bien de cas, il s’agit d’une normalisation exécutoire, par décret, par le pouvoir politique.
Depuis la période coloniale jusque de nos jours, l’évolution historique de la toponymie en RD Congo connaît une mutation systématique.
En 1885, le pays était connu sous l’appellation Etat Indépendant du Congo (EIC), avec capitale implantée d’abord à Vivi, puis à Boma dans le Bas-Congo. Il était une propriété privée du Roi des Belges, Léopold
II. A la reprise de l’EIC par la Belgique en 1908, le pays devint Congo Belge, c’est-à-dire une colonie du Royaume de Belgique. A l’indépendance, en 1960, ce fut la consécration du terme « République Démocratique du Congo » (RDC), qui deviendra plus tard « République du Zaïre », à la faveur du régime mobutiste.
À l’époque coloniale, les différents toponymes étaient attribués par le pouvoir colonial et par l’autorité coutumière localement installée. Les noms de certaines provinces et de la plupart des centres
urbains étaient écrits suivant la forme de la langue du colonisateur. Nous pouvons citer quelques cas bien connus :
urbains étaient écrits suivant la forme de la langue du colonisateur. Nous pouvons citer quelques cas bien connus :
- Albertstad (Albertville), actuellement Kalemie (province du Katanga),
- Coquilhatstad (Coquilhatville), actuellement Mbandaka (province de l’Equateur),
- Elisabethstad (Elisabethville), actuellement Lubumbashi (province du Katanga),
- Leopoldstad qui désigne Léopoldville, actuellement Kinshasa,
- Luluabourg (Luluabourg), actuellement Kananga (province du Kasaï Occidental),
- Jadotstad (Jadotville), actuellement Likasi (province du Katanga),
- Thystad (Thysville), actuellement Mbanza-Ngungu (province du Bas-Congo), etc.
La période de l’indépendance du pays jusqu’en 1971, date de la débaptisation officielle de toutes les entités, sera relativement stable du point de vue de la toponymie des lieux en RD Congo. La période mobutiste fut celle des « 3 Z » : Zaïre-pays, Zaïremonnaie et Zaïre-fleuve.
À la prise du pouvoir par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), le 17 mai 1997, le pays est renommé la République Démocratique du Congo. Certains toponymes changent selon le bon gré des acteurs politiques qui agissent en triomphalisme. Par exemple, à Kinshasa, l’avenue 24 Novembre devient avenue de la Libération et ensuite avenue Pierre Mulele. Le camp Mobutu est débaptisé camp Kabila, la route de Matadi prend le nom de route Kabila, etc. Durant cette période il y a eu une imposition autoritaire sur les noms des lieux. Une fois de plus l’homme politique décide sur l’usage des toponymes sans faire participer la population locale à la prise de décisions.
Comme nous venons de le démontrer, le changement de différents toponymes en RD Congo est lié aux événements historiques, à la politique menée par les décideurs à tous les niveaux, et aux humeurs de leaders communautaires.
Au regard de ce qui précède, les toponymes ont changé successivement durant la période coloniale et sous la Deuxième puis la Troisième République.
Nous constatons les mêmes attitudes et pratiques auprès des chefs coutumiers et autres leaders communautaires, comme c’est le cas dans les nouveaux quartiers lotis dans la périphérie des villes.
Cette situation nous préoccupe au plus haut niveau. D’où la nécessité d’entreprendre une réflexion de fond sur l’usage et l’avenir de la toponymie en RD Congo.
La situation de la toponymie en RD Congo correspond au schéma conceptuel ci-après :
Ce schéma montre à suffisance comment l’usage des toponymes est un problème qui touche la grande majorité de la population. L’implication de la population et la vulgarisation des normes toponymiques est nécessaire pour une gestion
harmonieuse du territoire.
harmonieuse du territoire.
L’écrivain Valentin Yves Mudimbe, cité par Antoine Tshitungu Kongolo a écrit : « La métaphore de la mémoire, comme celle de l’espace africain, n’est pas seulement de l’ordre du symbole. Elle prend place en des opérations d’annulation, de recréation et de réarrangement du lieu, de sa géographie et des valeurs qui les qualifient ».
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