Les intervenant‧es et les résumés sont présentés dans l'ordre chronologique du programme de l'école.
| Sébastien Nadiras
Conservateur du patrimoine aux Archives nationales
Introduction à l'anthroponymie historique
Cette intervention à caractère méthodologique proposera une appréhension globale de l’anthroponymie en tant que branche de l’onomastique (science des noms propres), dans ses dimensions linguistique et historique. On s’attachera à définir et illustrer les grandes notions et questions de l’anthroponymie historique – systèmes de nomination, types de noms de personnes, modes de formation et de transmission des noms, etc. – en incluant les aspects philologique et linguistique d’une part (oral/écrit, etc.), documentaire de l’autre (sources). Les exemples seront tirés de périodes et thématiques historiques allant du Moyen Âge (noms et changement social) aux XIXe-XXe siècles (onomastique révolutionnaire, noms des enfants trouvés, etc.).
| Pascal Chareille
Professeur d'histoire à l'Université de Tours, Centre Tourangeau d'Histoire et d'étude des Sources (CETHIS)
L’anthroponymie (notamment médiévale) au regard des méthodes quantitatives
L’enquête sur la Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne a permis de montrer que le système de désignation à deux éléments (nom + surnom) est apparu entre l’an mil et le XIVe s., selon une chronologie et des modalités socialement et régionalement différenciées.
La mutation ne s’est pas limitée à l’adoption du surnom ; le nom lui-même a changé et les stocks onomastiques ont été modifiés. Pour tenter de comprendre ces évolutions, il faut d’abord les objectiver, donc établir leur rythme et les formes du basculement d’un système où le nom unique régnait sans partage à ce nouveau système. Que faire de cette matière anthroponymique qui abonde dans les sources médiévales ? Que quantifier ? Comment traiter les corpus constitués ? Avec quels outils et dans quelles perspectives ?
Au-delà du rappel de quelques acquis de la recherche, cette séance présentera, sur des exemples variés, la mise en œuvre concrète de méthodes de quantification qui permettent d’explorer, d’analyser et de comparer des corpus onomastiques notamment médiévaux
| Nicolas Todd
Chargé de recherche, CNRS-UMR Centre Roland Mousnier
La réaction à l'"événement" étudiée par la prénomination: le cas de la Première Guerre mondiale
Le choix du prénom est l’un des comportements les plus facilement étudiables à la fois en sociologie et en histoire. Lorsqu’il est faiblement contraint, ce choix révèle et enregistre de manière durable les préférences et attitudes des parents au moment de la naissance de leurs enfants. Nous étudierons la transmission du prénom paternel pendant la Première Guerre mondiale à partir de données massives (généalogies en ligne). Nous présenterons aussi une approche statistique très générale permettant d’étudier de manière systématique les prénoms sur et sous-exprimés pendant une période donnée – avec là encore la Première Guerre mondiale pour modèle.
| Clovis Maillet
Prof. d'histoire et théorie des arts à l'ESAD-TALM Angers, Guest theory teacher HEAD Genève
Parcours transgenres et changement de nom : pour une histoire de la longue durée
Dans les parcours transgenres, le nom intervient à plusieurs étapes de la vie et inclut un ou des changement de nom. Le nom assigné à la naissance est souvent appelé dead name (litt. « nom mort »). Cet atelier visera à étudier les textes du droit français actuel, comparativement à d’autres situations européennes et à les confronter à des textes anciens témoignant des droits et des pratiques de changement de nom et de genre, des cas d’autodétermination et d’hétérodétermination du nom et le rôles de la parenté et des autorités religieuses et étatiques.
| Cyrielle Landrea
Maîtresse de conférences en Histoire romaine, Université Bretagne Sud - TEMOS UMR 9016
Le pouvoir des noms dans le monde romain
Le cours a d’abord pour objectif d’acquérir des connaissances sur la dénomination dans le monde romain, dans une perspective diachronique. Les noms sont des marqueurs sociaux et genrés. Pour un aristocrate romain, le nom est un support de prestige et rappelle le capital symbolique familial. A contrario, pour un esclave, son nom symbolise son état de sujétion et de négation de son ancienne identité. Une attention particulière sera portée à des cas spécifiques et particulièrement emblématiques des mentalités romaines. Il conviendra également d’appréhender la grande souplesse des dénominations, entre dénomination officielle et dénomination vécue.
| Gaëlle Clavandier
Sociologue et Anthropologue, MCF HDR, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, Chercheure au Centre Max Weber (UMR 5283) et chercheure associée au laboratoire ADES (UMR 7268)
Identifier, enregistrer et prénominer les enfants sans vie
Nommer les enfants sans vie relève de dynamiques intimes et instituées. N’étant pas nés ou étant vivants et non viables, les fœtus et mort-nés n’acquièrent pas le statut de personne. De ce fait, il ne pouvait, jusqu’à il y a peu, leur être attribué un « nom », l’établissement de la filiation étant impossible. En revanche, leur enregistrement à l’état civil laissé à l’appréciation des personnes concernées permet leur « prénomination », laquelle ne diffère guère de la prénomination constatable pour les naissances. De même ces prénoms, et parfois le nom d’un ou des deux géniteurs, identifiés comme « père » et « mère » sur les actes, sont susceptibles de figurer sur les registres des crématoriums, ceux des cimetières et parfois sur la sépulture elle-même s’ils en ont une. Outre cette dénomination que l’on pourrait désigner d’instituée et d’instituante, il existe d’autres formes de « nominations » et de « qualifications » qui reposent sur des processus de reconnaissance au sein de collectifs. Ces collectifs, par le biais d’engagements associatifs ou d’échanges sur les réseaux sociaux, impliquent d’autres type de dénominations, telle celle de « paranges ». Il s’agit par ce biais de s’identifier entre soi et de partager une expérience commune. Ici, la dénomination de l’enfant sans vie est liée quasi-intrinsèquement au vécu de la personne concernée. Cette approche permet, à l’appui de travaux de recherche, de mettre à l’épreuve la thèse défendue par certains chercheurs d’un statut exclusivement « relationnel » et « symbolique ». Cette thèse tend à ne pas résister aux évolutions en cours. De ce point de vue, l’analyse des processus de nomination dans le cas des décès périnataux est particulièrement intéressante car elle semble préfigurer des évolutions plus larges, sur la manière de prénommer un enfant de sexe indéterminé, sur les nominations « d’usages » en regard de celles inscrites sur les registres, et sur les écarts de nomination entre les registres.
| Philippe Tétart et Sylvain Villaret
Historiens du sport, Le Mans Université, TEMOS UMR 9016
Pseudonymes, noms de scène et surnoms dans le sport, 1880-1980
Partant d'un corpus constitué principalement par la presse et, secondairement, par la littérature sportive, cette séquence s'intéressera à la manière dont les figures du champion et de la championne sont constituées, commentées et identifiés par leur dénomination à partir de la fin du XIXe siècle. Qu'ils soient cyclistes, nageurs, boxeurs, lutteurs... ces personnages peuvent être affublés d'un autre nom que leur patronyme. Parfois, le public les connaît uniquement sous leurs pseudonymes, noms de scène ou surnoms. On inventoriera ces trois catégories en soulignant leurs différences, en soi et en fonction des enjeux symboliques, identitaires et de travestissement qui les sous-tendent.
| Baptiste Coulmont
Professeur de sociologie à l'École normale supérieure Paris-Saclay
L'anonymisation/pseudonymisation des cas en sciences sociales
L'anonymisation des personnes enquêtées est une conséquence de la protection de la vie privée. Mais les sociologues, les ethnologues et les historien‧ne‧s choisissent souvent, aujourd'hui, d'avoir recours à des pseudonymes, afin de conserver, le plus possible, le caractère concret et multidimensionnel des vies décrites et analysées. « Les prénoms ont été changés pour protéger la vie privée », peut-on souvent lire. Mais pourquoi conserver des prénoms ? Quels effets cela produit-il sur le texte ? Y a-t-il des « bonnes » manières de faire ?
| Cyril Grange
Directeur de recherche au CNRS, Centre Roland Mousnier - Histoire et Civilisations (UMR 8596)
Choix de prénom et acculturation de populations minoritaires à la société globale : l’exemple de la bourgeoisie juive parisienne 1820-1920
La présentation se propose de retenir le prénom comme instrument de mesure du degré d'acculturation de populations « étrangères » à une société d’accueil. Un passage en revue de la littérature scientifique sur ce sujet sera tout d’abord exposé. Dans un second temps, on s’attachera à explorer le cas particulier de la population juive en France au XIXe et XXe siècles. A cet effet, on observera les comportements des familles de la bourgeoisie juive parisienne à partir d’un corpus de près de 10000 prénoms attribués entre 1840 et 1940. La bourgeoisie israélite a-t-elle cherché à se conformer aux choix en vogue au sein des catégories supérieures ou au contraire a-t-elle a considéré que le prénom faisait partie d’un espace privé au sein duquel son appartenance au judaïsme pouvait pleinement s'exprimer. A-t-elle joué de la possibilité de décerner plusieurs prénoms en choisissant un prénom "usuel" neutre, ravalant le prénom juif au second rang de l'état civil, ou y a-t-elle renoncé ? La prise en compte de cohortes successives, du lieu de naissance et du milieu professionnel des parents permettra de nuancer les réponses à ces questions.
| Yves Denéchère, Professeur d'histoire contemporaine, Université d'Angers, TEMOS UMR 9016
Violaine Tisseau, Chargée de recherche au CNRS, Institut des Mondes Africains (IMAf - UMR 8171)
Noms des métis et enjeux de citoyenneté pendant la période coloniale
Cette intervention à deux voix portera sur les enjeux de citoyenneté autour des métis dans l'empire colonial français. Il s'agira de comprendre comment les personnes métisses, les enfants notamment, ont été nommés et/ou se sont nommés. Les questions des reconnaissances de paternité par des militaires français, de l'accès à la nationalité / citoyenneté et de l'effectivité des droits de citoyen seront abordées à partir de documents d'archives.
Deux cas seront présentés : la situation des métis, notamment les Eurasiens, en Indochine pendant la guerre d'indépendance (Yves Denéchère) et celle des métis dans les Hautes Terres centrales de Madagascar pendant la période coloniale (Violaine Tisseau).
INFORMATIONS PRATIQUES
Du 27 juin au 1er juillet 2022
La participation à l'ensemble de l'école est obligatoire.
Lieu : Saint Pierre d'Oléron, Village CAES La Vieille Perrotine
Le transport des participant‧e‧s entre la gare de La Rochelle et le lieu d'hébergement sera assuré par une navette à l'aller comme au retour. Pour en bénéficier il est impératif de contacter Mireille Loirat mireille.loirat@univ-angers.fr avant de réserver vos billets de train pour assurer la correspondance.
Procédure de candidature et inscription
40 participant‧e‧s, dont 10 du CNRS : chercheur‧euse‧s, ingénieur‧e‧s, jeunes chercheur‧euse‧s en histoire, sociologie, anthropologie, linguistique, sciences politiques, démographie.
Langue : français
Inscription obligatoire sur cette page + Envoyer une candidature motivée et un court CV (4 pages maximum) à Yves Denéchère yves.denechere@univ-angers.fr, copie Mireille Loirat mireille.loirat@univ-angers.fr
Date limite d’envoi de la candidature : 15 avril 2022 pour une réponse avant le 30 avril 2022.
Pour les personnels CNRS, les frais de déplacement relèvent des crédits de la formation permanente de la délégation d’origine, à contacter impérativement dès réception de votre acceptation à l’école pour la prise en charge de votre mission.
Pour les autres participants : Les droits d’inscription (qui comprennent l’hébergement complet et la navette entre La Rochelle et le lieu d’hébergement) sont de 450 € (250 € pour les post-doctorant‧e‧s et doctorant·e·s).
NB : Les consignes sanitaires en vigueur à la date de l’école thématique seront appliquées.