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Résumé de la communication
présentée au colloque international Nommer l’humain : Descriptions,
catégorisations, enjeux. Une approche pluridisciplinaire, organisé par
les Laboratoires LiLPa (Linguistique, Langues, Parole, EA 1339) &
DRES (Droit, Religion, Entreprise & Société, UMR 7354), Université
de Strasbourg, 10-12 Janvier 2018, Maison Interuniversitaire des
Sciences humaines en Alsace (MISHA).
Zoo-anthroponymes. Quand l’animal est le nom de l’humain
Laura Goudet, Université de Rouen, linguistique anglaise
Marie-Anne Paveau, Université Paris 13, linguistique française, analyse du discours
Catherine Ruchon, Université Montpellier 3, linguistique française, analyse du discours
Présentation
Parmi les nombreux paradigmes utilisés pour
nommer l’humain, nous avons choisi celui des animaux, que nous abordons
dans la perspective des sciences du langage. Nous entendons par là un
ensemble de dénominations et de comparaisons, fruits du procédé qui
consiste à nommer les êtres vivants humains dans les termes des êtres
vivants du règne animal. Nous pensons par exemple aux noms de volatiles
désignant des femmes (poule, grue, oie, bécasse, dinde), aux diverses désignations hypocoristiques (ma puce, mon chat, ma biche, mon lapin) ou aux très nombreuses comparaisons (gai comme un pinson, malin comme un singe, doux comme un agneau).
Nous appelons ces dénominations des zoo-anthroponymes, définissables
comme des zoomorphismes langagiers, en l’occurrence lexico-sémantiques,
terme que nous construisons en nous inspirant de zootoponyme (lieu recevant un nom d’animal), lui-même construit à partir de zoonyme
(nom d’animal). Les zoonymes ont fait l’objet de quelques travaux en
sciences du langage (MELLET dir. 1997, BECQ, BORDAS 2010) et de
nombreuses publications grand public (dictionnaires, lexiques,
glossaires, etc., essentiellement sur les « locutions animalières »)
mais les zoo-anthroponymes ne sont jusqu’à présent mentionnés qu’à titre
d’exemples illustrant l’analyse d’autres catégories (comme les
hypocoristiques mentionnés plus bas). Dans cette exploration, nous
travaillons sur des données langagières, discursives et textuelles,
multimédiatiques, en français et partiellement en anglais.
Questions de recherche
La
dénomination des humains par les noms d’animaux constitue un discours ou
les symptômes d’un discours sur la relation humain-animal et la place
que les humains font ou ne font pas aux animaux dans le monde, encore
dominé par la conviction de la supériorité de l’humain, autrement dit la
position spéciste. Notre objectif est d’interroger la nature de ce
discours sur la relation humain-animal, d’en décrire le fonctionnement
et les effets dans la construction des représentations à la fois des
humains et des animaux, et de leurs relations. Ce travail nous semble
d’autant plus intéressant que l’on assiste actuellement à une évolution
de la question du statut des animaux, due à l’émergence de conceptions
écologiques et de positions antispécistes à la fois dans le champ
militant et scientifique (SINGER 2012) ; évolution qui peut s’inscrire
et se construire dans les mises en discours du monde.
Les questions que nous voulons poser dans cette communication sont les suivantes :
– quelles
sont les catégories linguistiques, discursives ou textuelles qui entrent
dans le procédé de dénomination de l’humain par l’animal ?
– quelles sont les différentes fonctions de la zoo-anthroponymie : quel discours sur l’humain la zoo-anthroponymie tient-elle ?
– que dit le zoo-anthroponyme du statut animal de l’humain : l’animalité humaine (BRELS 2012) ?
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