Monday, January 12, 2015

Onomastique vernaculaire des papillons de James Petiver

http://www.lavieb-aile.com/article-onomastique-des-papillons-de-james-petiver-125219557.html


"L'onomastique est la science qui étudie les noms propres."
Dans le cadre de l'étude des noms vernaculaires français qu'ont reçu les papillons diurnes (Lepidoptera, Rhopalocera), j'ai voulu m'intéresser à leurs précurseurs, les tout premiers noms donnés aux différentes espèces de papillons par James Petiver à la fin du XVIIe siècle. Avant que cet apothicaire londonien ne décrive ses collections de spécimens d'histoire naturelle de toute sorte (plantes, reptiles, serpents, œufs, insectes, coquillages, fossiles, roches, etc.), un botaniste (John Ray) avait déjà attribué aux plantes des noms en anglais, mais jamais les papillons n'avaient été décrits autrement que par une diagnose ou phrase descriptive en latin, jamais ils n'avaient porté de noms propres, fut-ce en latin*. Il s'agit donc maintenant de se rendre dans le premier laboratoire, les premiers textes de Petiver, pour voir comment ces noms ont été fabriqués.
* Je vais découvrir au fil de mon enquête de rares exceptions...
Les deux premières publications, qui sont des catalogues descriptifs des collections détenues dans l'officine de Petiver située à Londres, Aldersgate Street, sont son Musei (1695-1703) et son Gazophylacii (1702-1706), où se trouvent 48 noms de papillons diurnes de Grande-Bretagne.

                   MUSEI PETIVERIANI (1695-1703). 
Musei petiveriani centuria prima rariora naturae continens viz Animalia, Fossilia, Plantas, ex variis mundi plagis advecta, ordine digesta et nominibus propriis, signata a Jacobo Petiver, Pharmacop. londinens et Regiae societatis socio
Prima laus est humanae sapientae, valde similia posse distinguere. Aristot.
Londini, ex Officina S. Smith & B. Waldford, Reg. Societatis typograph ad insignia principis in Coemeterio D. Pauli M DCX CV.
Advertissement
This Century consisting of such Animals, Vegetables, Fossils, &c. as have been either observed by myself, or communicated to me not only from very Worthy and Learned Assistants at Home, but also brought me by my Kind Friends from divers parts of the World, or transmitted from such Curious persons as do me the Honour to Correspond with me from several parts Abroad : I thought myself highly obliged to acknowledg them as my Generous Benefactors : And designing to continue the Publishing of these Centuries as my Philosophical Acquaintance and Correspondents Abroad and at Home shall enrich me ; I do therefore most humbly beg the Communications and Assistance of all Curious Persons and Lovers of Natural History, the which shall be justly and faithfully acknowledged. And if ther be anything in this or the following Centuries which they shall desire to be farther inform'd, I shall endeavour to serve them in that or what else is in the Power of
Their most obliged Servant
November 30. 1695 From the White Cross in Aldersgate Street, London,
JAMES PETIVER.

Musei :  
http://books.google.fr/books/about/Musei_Petiveriani_centuria_prima.html?hl=fr&id=vp05AAAAcAAJ

Liste des noms vernaculaires (anglais)  de papillons, espèces autochtones. 
"A. signifies it to be a nativ of England."

— Centuria I. 1695
Pages 3 à 4
A.1. The Brimstone Butterfly. [Gonepteryx rhamni]
A.2. The pale Brimstone Butterfly[Gonepteryx rhamni]
A.3. Our half Mourner. [Melanargia galathea]

— Centuria IV & V. 1698.
1.English Butterflies
A.301.The White Butterfly with black veins. [Aporia crataegi] Hoefn. Pl. X ; Merian 2 pl. XXXV p. 69
A.302. The common white veined-Butterfly. [Pieris napi] Merian 2 XXXIX p. 77.
A.303. The small white Butterfly. [Pieris rapae]
A.304 The greenish marbled half-Mourner.
A. 305. The white marbled female Butterfly. Hoefn. pl. VI fig.2 ; Moffet p. 106 n°5
A. 306. The white marbled male Butterfly.
A.307. The black-ey'd marble Butterfly
A.308. The golden Meadow, ey'ed-Butterfly Moff 103n°4
A.309. The brown Meadow, ey'ed-Butterfly.
A.310. The lesser double-ey'd Butterfly.
A.311. The small Heath Butterfly.
A.312. The golden marbled Butterfly, with black eyes. Moff 104 n°9.
A.313. The brown ey'd-butterfly with yellow circles.
A.314. Oculus pavonis dict.  The Peacock's eye. Moff 99 f.4 Goed. Vol.1 p.23 fig.1;  Goed. éd. Lister fig.1 ; Merian 1 Pl 26 page 53  Hoef. Pl. 12 fig.9 . Jonst. Ins. 40 n°4
A.315. Papilio testudinarius major The greater Tortoise-shell Butterfly. Moff 100f.7
A. 316. Papilio testudinarius minor. The lesser Tortoise-shell Butterfly Moff 101 f.11
A. 317. The small golden black sported Meadow Butterfly.
A.318. The little Blew-Argus.
A.319. ---
A.320. The greater silver-spotted Fritillary. Mof. 101 f.10
A.321. The greater silver-streaked Fritillary.
A.322. The April fritillary.
A.323. The May fritillary.
A.324. Mr. Vernon's small fritillary.
A.325. Darbrown Marsh fritillary.
A.326. The Painted-Lady. [Vanessa cynthia] Moff 101 f.9.
A.327. The Admiral. [Vanessa atalantaMoff.100 n°6
A.328. The Royal William. [Papilio machaon The Swallowtail ]Moff. 99
A.329. Our green Meadow Butterfly.
A. 330. Moffet's greenish Leopard with 5 scarlet spots. Moff. 97

— Centuria VI & VII, 1699.
Papiliones Exotici page 49 n° 501 à 530
[505 Moffet's great yellow and black Virginia Butterfly.]
[511. The Guineahen Butterfly]
— Centuria VIII, 1700.
Page 68 n° 719 à 724, pas de nom ?

— Centuria IX & X, 1703.
page 85
A. 825. The Greater White Cabbage-Butterfly.
A.826. The Lesser White Cabbage-Butterfly

Auteurs cités en référence par Petiver (mis selon l'ordre chronologique), selon la liste page 16:

  • Aldrovandi, insect
  • Johnston ou Jonston, Insect
  • J. Hoefnagel 1630 Insectarum Volatil. Icones
  • Moffet Thomas, 1636  Insectum Theatrum, London.
  • Moffet (Thomas), 1658 id. traduit en anglais par Edward Topsell, London
  • Joan Goedart  1662 Metamorph. Naturalis
  • Lister De Insects in J. Goedart
  • Merret D.  1667, Pinax rerum natural. brittanic. London
  • Mar. Sibyll. 1679 Graffin or Insects, Dutch V1 et V : il s'agit de Maria Sibylla Merian, qui avait d'abord épousé Johan Andreas Graff. Le premier volume de Der Raupen wunderbare Verwandelung est paru  en hollandais, à Nuremberg,en 1679 et le second en 1683,  sous le nom de Maria Sibylla Gräfinn. 

GAZOPHYLACII NATURAE ET ARTIS, 1702.
— Page 3-4
A.7 Vernon's half Mourner.
A.11 sans nom
— Tab.XI p. 18
A.9. The Hair-Streak
A.10. The Brown double Streak
Tab. XIV
A.9. The Tunbridge Grayling.
A.11 The Saffron Butterfly.
—tab. XVIII p. 28
A.10 The Lincolnshire Fritillary.
1Tab. XXIV p.38 :
A.2. Mr Dale's Purple Eye
—Tab XXXIV p.54 :
A.7. The Checkered Hogg.
A.8. The Checker-like Hogg.
A.9. The Streakt Golden Hogg.
A9a. The Spotles Hogg.
—Tab. XXXV. p. 55 :
Papiliunculus
A.1. The blue Argus.
A.2. The pale blue Argus
A.3. The mixt Argus.
A.4. The edg'd brown Argus.
— Tab. XXXVI p. 56.
A.3. Handleys brown Butterfly
A.6. Our brown Marsh Fritillary.
A.9. Mr Dandridges Marsh Fritillary

Analyse.
On compte 34 noms vernaculaires de papillons de Grande-Bretagne sont créés dans le Musei, et 14 dans le Gazophylacii (mon décompte a pu laisser passer quelques noms). Ce sont non seulement les premiers noms vernaculaires en anglais, mais les premiers noms vernaculaires attribués à des papillons.
Ces noms sont disséminés dans le catalogue parmi les descriptions de plantes, d'insectes, de serpents, et  on constate donc vite qu'ils ne sont pas le privilège des -papilio-, mais que les phalènes, les autres insectes, les chenilles (décrites pour leur compte propre sous le nom d'erica), les mollusques, les arbres, les plantes et les serpents sont également dénommés en anglais ; le nom propre est imprimé en caractère gras. Toutefois, ces noms ne sont pas mentionnés en général pour les spécimens exotiques, c'est à dire pour la grande majorité des plantes.
On constate aussi dès lors que c'est le même système onomastique qui est appliqué pour tous les spécimens quelque soit le Règne auquel ils appartiennent : un ou plusieurs adjectifs précèdent un nom de groupe. Pour les papillons, ce nom collectif peut être par exemple Butterfly (22 fois), Fritillary (9 fois), Argus (5 fois), et les adjectifs décrivent la couleur (33 fois), la présence d'ocelles (7 fois) ou la taille absolue ou relative (12 fois), etc. Des noms d'amis ou de correspondants sont accolés parfois au nom propre, comme celui de Mr Vernon, de Mr Dandridge ou de Mr Dale, tous trois bien connus pour appartenir au milieu des naturalistes londoniens. D'autres noms témoignent des lieux de découverte : Tunbridge, Lincolnshire. D'autres substantifs précisent la saison de vol (April, May). 
Parmi les noms sur lesquels viennent se fixer ces adjectifs, certains sont des trouvailles d'imagination créant des images fertiles : Brimstone ("Soufre") Mourner ("Endeuillé"), Tortoise-shell (le matériau de placage issu des carapaces de tortues de mer), Argus, repris de Thomas Mouffet (Argus est un géant aux cent yeux, comparés aux ocelles des ailes), Fritillary (la table à damier,  support des jeu de dés ou de tric-trac), The Admiral —seul nom d'un seul mot— comparant les ailes au pavillon d'un chef d'escadre, etc... Mais Painted-Lady tente de traduire le nom Belladonna qui, selon Petiver, lui est antérieur ("Bella Donna dict.").  
Si c'est la première fois que de tels noms sont donnés à des papillons (et, je pense, aux autres insectes), les arbres sont désignés depuis bien longtemps par un nom spécifique et vernaculaire. Les plantes, qui intéressent au premier chef les apothicaires et les médecins, ont reçu une dénomination en langue anglaise dans les ouvrages de John Ray (1627-1705)  (à ne pas confondre avec le contemporain et ami de Petiver). 
The Royal William (1698)
Ce nom peut faire allusion au roi Guillaume III (William III ou King Billy en Irlande du Nord) qui régna de 1689 à 1702, issu de la maison d'Orange-Nassau et titré Prince d'Orange à sa naissance. Il fut stathouter des provinces composant les Provinces-Unies. Sa mort en 1702 mit un terme à la Maison d'Orange hollandaise. En Irlande du Nord et en Écosse, il est encore célébré, en veste rouge, ceint d'une ceinture bleu, représenté sur un cheval blanc. 
Il peut désigner aussi le HMS Royal William, vaisseau de 100 canons construit en 1692 et qui honorait par son nom le roi Guillaume III.
Il était donc le souverain d'Angleterre lorsque ce zoonyme a été créé.
Portrait d'un garçon au cheveux noirs mi-longs portant une sorte de tunique jaune et blanche alt=Description de cette image, également commentée ci-après


John Ray et les premiers noms vernaculaires anglais en Botanique. Un exemple,Adantium aureum ou Goldilocks.
Petiver cite en référence 4 ouvrages de John Ray :
http://botany.edwardworthlibrary.ie/Naming-Plants/John-Ray/
 En 1675, pour les fils de Sir Willoughby dont il dirigeait l'éducation, Ray avait publié à Londres  un Dictionariolum trilingue, dont la quatrième édition de 1703 portera le titre de Nomenclator Classicus, sive Dictionariolum ; les noms d'animaux —notamment— y sont donné en grec, en latin et en anglais, ce qui témoigne de son intérêt pour les noms des choses ou pour les langues en général .
Dans les ouvrages de botanique, Ray propose systématiquement un nom en anglais. Prenons l'exemple de la moussse Adianthum, que nous pourrons ensuite comparer dans Petiver page 6 :
Ray (C.P.Ang) :
  • C.Adianthum aureum majus = "Great goldea Maiden-hair or Goldilocks"
  • C. Adianthum aureum minus = "Little Goldilocks or Golden Maiden-hair".
  • Adianthum aureum humilis = " Dwarf broad-leaved Goldilocks or Golden Maiden-hair"
Ce nom est imagé car Goldilocks ("Boucles d'Or") évoque pour nous le nom de l'héroïne du conte "Goldilocks and the Three Bears". Mais ce conte de Joseph Cundall date de 1849, et le nom exact de Goldilocks donné par F.A. Steel de 1918 ! "Golden maidenhair" est encore aujourd'hui le nom de la fougère Polypodium vulgare, alors que le nom de "Great Goldilocks" est encore attesté pour Polytrichum commune. Les feuilles de ces mousses ressemblent à des cheveux, et leur couleur approche un peu celle de l'or. 

En 1665, Robert Lovel cite les mêmes noms (ou bien, il en est la source).
James Petiver donne ceci : Musei 1695 page 6
A.22  Adiantum aureus minus = "Our small Heath Goldilocks".
A.23 Adiantum aureus medius = "The lesser Heath Goldilocks".
A.24. Adiantum aureus acaulon... = " Stalkless Goldilocks"
Nicolas Lémery lui donne, à peu près en même temps (Dictionnaire, 1716), le nom de "Perce-mousse". "On s'en sert dans les pleurésies".
Dans son Jacobi Petiveri Opera posthume de James Petiver de 1767 ,  on trouve d'autres formes :
A.85 Muscus trichoides lanug. =Our small hairy Moutains-Goldilocks
A.86. Muscus trichoides acaulos =Mr Doody's broad-leaved Stalkless Goldilocks 
A.87. Muscus trichoides min =Mr Doody's fine-leaved Stalkless Goldilocks
A.88. Muscus trichoides min. vulg. =Our fine-leaved small Goldilocks
Pouvons-nous remonter plus amont encore, au-delà de John Ray ? Oui, car ses noms sont précédés de trois lettres Ger qui indiquent sa source : l'Herball de Gerard, cité aussi en référence par Petiver : John GerardHistory of Plants, London 1597. La plante y est décrite page 1374 ; elle est nommée Goldilocks or Golden Maiden Haire Mosse illustrée page 1371 :
Goldilocks--or-Golden-Maiden-haire-Mosse-John-Gerard-page-1.png

Le texte de John Gerard nous indique que " Goldilocke is called in high Dutch Widertodt, golden Widertodt, Jung Fräuwen har, in low Dutch Gulden Wederdoot. Fuchsius nameth itPolytrichon and thougt it Polytrichon Apuleÿ, or Apuleius his Maiden haire, neuerthelesse Apuleius Maiden haire is nothing else but Dioscorides Trichomanes, called english Maiden Haire, and for that cause we had rather it should be termed muscus capilaris, or Haire Moss : this is called in english Goldilockes Polytrichon : I would rather called it Goldilockes, leaving out Polytrichon. It might also be termed Golden Mosse, or Hairie Mosse.
Nous découvrons donc que les origines de ces noms vernaculaires trouvent leur source dans Dioscoride et Apulée, mais que J. Gerard a puisé son texte dans un ouvrage hollandais.  C'est bien connu, il s'est servi de l'Herbal de 1554  de Rembert Dodoens : tous les noms cités  (Jungfrauhar, Polytrichon Apulei, Polytrichon doré (grand et petit), Wederdoot (gulden), Widdertodt (gulden)) datent de cette ouvrage de 1554/1557.
Donc, pour le nom botanique choisi par hasard parce qu'il se trouvait chez Petiver, nous pouvons suivre des étapes qui débutent par les noms grecs de Dioscoride, latin d'Apulée, latin des savants de la Renaissance, puis parvenir à un premier nom vernaculaire hollandais (1544), à sa traduction en anglais par John Gérard (1597) sous deux formes (Goldilocks ; Golden Maiden Hair). Entre 1660 et 1670, John Ray décline ces noms pour les adapter aux différentes espèces d'adianthum en y ajoutant des adjectifs tels que Great , Little,  Dwarf [nain] broad-leaved. Petiver, en 1695-1703, développera la méthode en utilisant des adjectifs de couleur, de milieu (lande, montagne) de caractère botanique (stalkless = sessile) ou en introduisant des noms de personne (Mr Doody). 
Pour les noms propres d'entomologie, c'est, sous réserve de nouvelles découvertes, James Petiver qui prend l'initiative d'attribuer un nom vernaculaire anglais aux espèces de sa collection. Tout naturellement, il applique à la zoologie la méthode testée en botanique, mais en l'enrichissant avec talent et en créant ses propres métaphores, à l'exemple de ce beau Goldilocks que nous avons suivi à la trace. 
Conclusion.
De nombreux noms vernaculaires créés par Petiver sont encore utilisés (Painted Lady, Tortoise-shell, Admiral) dans leur langue d'origine. Plus intéressant pour la démarche de zoonymie, ils ont parfois été à l'origine de noms scientifiques  (Plebejus argus) et, beaucoup plus souvent, de nos propres noms vernaculaires français qui s'en inspirerons directement (Painted- Lady devenant la Belle-Dame, Tortoise-shell devenant Tortue, Half-Mourner suggérant Demi-deuil, The White Cabbage-Butterfly devenant Le Grand et le Petit Blanc du Chou, les quatre Argus conduisant Geoffroy à ses Argus Bleu, Demi, Myope ou Aveugle, le nom de Fritillary inspirant les noms de Damiers et Échiquiers, etc,) et, surtout peut-être, le schéma de construction avec adjectifs qualificatifs faisant école pour bâtir la part principale de notre onomastique.
  A cette "école anglaise" (en réalité issue d'élaboration  européenne) tentant de décrire ou de caractériser l'espèce par son nom, pourrait s'opposer, pour simplifier, une "école suédoise et française", si on veut désigner ainsi la décision de Linné de rompre avec toute description au profit de noms arbitraires issus de la mythologie, et la façon dont Geoffroy s'en inspira pour nombre de ses noms vernaculaires ("Vulcain"). Mais ni Linné (1758) ni Geoffroy (1762) ne feront, précisément, école, et leurs successeurs reprendront vite la méthode de Petiver. C'est dire tout l'intérêt que je pouvais trouver à en explorer les bases.
 P.S : Des recherches qui se poursuivent.
James Petiver est-il vraiment le premier auteur de noms vernaculaires de papillons, ou bien les auteurs qu'il cite en référence ont-ils pu lui inspirer certains noms ? Pour répondre, il me faut explorer les textes en latin d'Aldrovandi, de Hoefnagel, de Thomas Moffet, de Jonston, de Merret et les textes hollandais et en allemand de M.S. Merian.
Une première trouvaille : 
The Peacock's eye : Petiver note "oculus pavonis dict." et indique ainsi que son nom est la traduction d'un nom latin. Ce dernier se trouve dans Goedart (1662) :
— Mouffet n'emploie que omnium regina.
— Maria Sibylla Merian a écrit en 1679 Die zeit innerhalb welcher aus dem dattelkern ein so schönes Vogelein worden war sechszehen oder siebenzehen Täge so ich nur das Pfau Vögelein zu nennen pflegte ..."J'avais l'habitude (?) de l'appeler seulement le petit papillon Paon"
— Jan Goedaert édition latine Metamorphosis et historia naturalis Insectorum. Cum commentariis D. Joannis  Medioburgi, J. Fierens, (1662-1669). 3 volumes reliés en un seul. In-8 . pp. (30) 236; (32) 259; (16), 159, avec trois frontispice gravé, 1 portrait gravé de Goedaert,  et 152 planches gravées imprimés sur 126 feuilles. La première édition latine (traduite par De Mey) a été publiée  la même année que l'édition hollandaise.
. "

Johannes Goedart  Volume 1 page 24  le nomme oculus pavonis. Mais lors de la consultation du texte original, on lit plus exactement quatuor alas habens, cuique nomen esse, , ante indicavimus ; et page 23 nous lisons de même : (ob coloris elegantiam & varietatem , cujus effigiem exhibet tabula prima ad litteram C.). Le nom latin n'est ici que la traduction du nom vernaculaire hollandais, qui est premier. Jan Goedart ou Johannes Goedaert (1617-1668) est un peintre et illustrateur hollandais né en 1617 à Middelburg, chef-lieu actuel de la province de Zélande sur le canal de Walcheren. Le livre décrit les résultats de son enquête sur la métamorphose des insectes, accompagnée d'une grande quantité d'observations originales , dont certains ont été déclenchés par des expériences avec ses propres cultures. Le livre fut un modèle pour plusieurs autres traités célèbres sur le sujet, comme par exemple pour ceux de Maria Sibylla Merian.
   Pour poursuivre notre enquête, il est nécessaire de consulter la version que cet auteur a publié en hollandais :
— Ioanne Goedardo /Johannem Goedaerdt, Metamorphosis naturalis , ofte Historische beschryvinghe van den oirspronk, aerd, eygenschappen ende vreemde veranderinghen der wormen, rupsen, maeden, vliegen, witjens, byen, motten ende dierghelijcke dierkens meer; niet uyt eenighe boecken, maer alleenelijck door eygen ervarentheyd uytgevonden, beschreven, en na da konst afgeteyckent", Jaques Fierens, Medioburghi, [1662] :
  •  
    •  page 16 :  Dese vertooninge duyrde den tijt van negen-thien dagen, als doen quam daer uyt een schoone vier gevleugelde Paeuw-oog, gelijck in dese medegaende figuyre aengewesen wort, by de letter C 
    • et page 18 :Dese vertooninge duyrde den tijt vannegen- thien dagen, als doen quam daer uyt een schoone vier gevleugelde Paeuw-oog, gelijck in dese medegaende figuyre aen-gewefen wort, by de letter C. Als dese Paeu-oogh eerst voortquam uyt haere veranderinge, waren haere vleughelen even als nat papier gestelt waer uyt eenige druppelkens waeter.
Le nom latin n'est pas employé ici, ce qui prouve qu'il n'est donné dans l'édition en latin qu'en traduction.
On aura compris qu'en hollandais Paeuw signifie "Paon" et Oog, oogh "œil". Le nom vernaculaire actuel en néerlandais d'Aglais io est "Dag pauwoog" ("Oeil de Paon du Jour").
Conclusion sur le zoonyme The Peacock's eye : il se révèle être la traduction d'un premier nom vernaculaire créé par Jan Goedart en 1662 en hollandais, "Paeuw-oog" ("Oeil de Paon") accompagné de sa traduction latine oculus pavonis dans l'édition latine. Ce nom sera cité ensuite par Maria Sibylla Merian en 1679 sous la forme "Das Pfau Vögelein" ("le papillon paon"). Petiver le traduira en anglais sous la forme "Peacock's eye" avec la simple mention "oculus pavonis dict." sans citer sa source.



Goedaert donnera à Vanessa atalanta (Admiral de Petiver) le nom de Klok-luyer, mais aussi de Pauw-kolerid, "Couleur de Paon" (Vol.2 page 164). Il nommera la petite Tortue "le Gulsigaert  (GULZIGAARD = "Goinfre, glouton").


  Liens et sources :


http://www.vlindernet.nl/doc/dvs/pdf/201405_johannes_goedaert_-_de_ontdekker_van_de_metamorfose.pdf
http://www.vlindernet.nl/doc/dvs/pdf/201408_johannes_goedaert_1617-1668_-_brandnetelvlinders.pdf






Voir encore :
Esper :
https://books.google.fr/books?id=Vl1JAAAAYAAJ&pg=PA88&dq=Pfau+schmetterlinge&hl=fr&sa=X&ei=
VbuRVOfsMILdaM6JgcAI&ved=0CGMQ6AEwCQ#v=onepage&q
=Pfau%20schmetterlinge&f=false 

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