Tuesday, November 27, 2018

Nommer, c’est posséder? | Soirée de réflexion sur la toponymie

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Nommer, c’est posséder? | Soirée de réflexion de la Revue l’Esprit libre sur la toponymie en Abitibi-Témiscamingue

L’événement se tiendra à Val-d’Or, le jeudi 29 novembre 2018, dès 19h30, à la Microbrasserie le Prospecteur (585 3e Avenue).Contribution volontaire suggérée!
Nos invités:
– Marc Nantel, porte-parole du REVIMAT
– André Mowatt, agent de développement touristique et culturel à Pikogan
– D’autres confirmations à venir.
Résumé:
Cette soirée est née de la volonté d’entamer un dialogue sur la toponymie en Abitibi ; plus précisément, sur les noms donnés aux lieux que nous habitons, et sur ce que cela nous enseigne sur le rapport que nous entretenons avec le territoire. Nous proposons de partir de l’hypothèse que le nom des lieux et des institutions qui se trouvent sur un territoire reflètent en partie non seulement certaines phases de son histoire, mais également son mode d’organisation, son identité et jusqu’à un certain point, ses valeurs et ses couleurs politiques.
Problématique:
La multiplicité des toponymes qui composent la toile des lieux fréquentés par les habitant-e-s du territoire de l’Abitibi-Témiscamingue a de quoi étonner celui ou celle qui s’intéresse de près à la carte de la région. En effet, s’y côtoient une multitude de noms en langue algonquine (Abitibi : là où les eaux se divisent; Témiskaming : eau profonde; pour ne nommer que les plus connus), de noms francophones inspirés en grande partie de membres de régiments français (La Sarre, Berry, Rouyn, La Motte, etc.) ainsi que de noms hérités de personnalités ayant marqué l’histoire de la région, dont plusieurs prospecteurs miniers (Sullivan, Authier, Siscoe, etc.).
Ce portrait toponymique en dit long sur l’histoire récente et moins récente de la région. Néanmoins, les cartes ne disent pas tout. En effet, elles aplanissent parfois les dynamiques qui ont eu leurs effets et continuent d’agir sur la représentation symbolique du territoire et la vie de ses habitant-e-s. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se rapporter à un passé pas si lointain, alors que l’île désormais nommée Siscoe, en plein coeur du lac de Montigny, se nommait Askikwaj (la tanière du phoque). Lieu de rassemblement plusieurs fois centenaire des Anicinabek occupant l’ensemble du territoire de la région, l’accès leur fût interdit par les agents de la GRC au courant des années 1920, suite à la découverte d’or sur l’île par le prospecteur Stanley Siscoe1. C’est dire tout ce qui se cache parfois derrière un nom.
À cela s’ajoute d’autres phénomènes qui font des enjeux liés à la toponymie des questions brûlantes d’actualité. Parmi ceux-ci, citons notamment la désignation de nombreux lieux publics par des noms corporatifs liée à l’octroi de financement. Les exemples sont nombreux : que l’on pense aux infrastructures qui accueillent certains marchés publics, à des aires récréatives en plein air, ou encore à des événements qui composent la vie culturelle de la région. Alors que pour certain-e-s, les sommes associées à ces visibilités sont des opportunités de développement à saisir, pour d’autres, ce type de financement est très questionnable. Quoi qu’il en soit, ces phénomènes nous renvoient à notre rapport aux lieux et, ultimement, à nos conceptions de l’appartenance au territoire sur lequel nous vivons.
En somme, ce bref tableau nous amène à nous demander : que nous apprennent sur nous les noms des lieux que nous habitons, sur notre rapport au territoire, nos façons d’y vivre? De quelles dynamiques historiques, politiques et sociales font-ils état ? Et, suivant ce qui a été dit plus haut, peut-on dire que nommer, c’est posséder ?
1 Chabot, Denys. Val-d’Or. Val-d’Or : Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or, 2009, p. 14.

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